C’est bientôt la sortie des livres Nippon no haikyo et Nekoland, nous avons pu répondre à différentes interviews, on remercie d’ailleurs les gens qui portent de l’intérêt à notre travail et à celui de Jordy.
Mais aujourd’hui on ne va pas parler de nous. J’aimerais vous présenter Sylvian Garassus et son travail sur le documentaire Tokyo Blue. J’ai découvert son travail un mois avant de partir du Japon et le temps que l’on entre en contact, j’ai loupé la chance de le rencontrer. Avant de lui poser quelques questions sur son travail, je vous invite à regarder l’extrait de son documentaire Tokyo Blue encore en production.
Bonjour Sylvain, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Sylvain Garassus, je suis caméraman et réalisateur, j’ai surtout travaillé dans le domaine du documentaire animalier et je vis entre la France et le Japon depuis plus de 10 ans.
Peux tu présenter ton projet Tokyo Blue ?
Il s’agit d’un documentaire sur un groupe de SDF japonais qui s’étaient installés dans un terrain au bord d’une rivière de Tokyo. Ils étaient une cinquantaine à vivre là dans des cabanes de toile bleue, mais ils ont désormais été expulsés. Le film suit quelques uns d’entre eux sur une longue période qui va jusqu’à leur expulsion. Il s’agit d’un film intimiste qui reste proche d’eux mais cherche aussi à aborder, à travers eux, des sujets plus vastes liés à la société japonaise – ou à la société en général.
Comment est venu l’envie de traiter ce sujet ?
J’ai rencontré le premier d’entre eux un jour où je pêchais au bord de la rivière, en 2010. Je me suis tout de suite dit que c’était un personnage incroyable : il vivait depuis 15 ans dans une cabane en bois en plein Tokyo, travaillait 3 ou 4 jours par semaine pour nourrir une quinzaine de chats… Le lieu aussi m’a séduit : une espèce d’enclave, une jungle miniature à la végétation exubérante, oubliée par la ville.
Mais en fait, c’est depuis mon premier passage au Japon que je m’intéressais à la population de SDF de Tokyo. Je voulais en apprendre davantage sur eux, savoir comment ils en étaient arrivés là, comment ils vivent et pourquoi ils semblent à ce point invisibles aux yeux des japonais “normaux.”
As-tu rencontré des difficultés lors du tournage ?
Évidemment, le tournage n’a pas été facile tous les jours. Il s’agissait d’une immersion parmi les SDF : lors des tournages j’étais seul, je montais ma tente au bord de la rivière et vivais avec eux. J’ai néanmoins rapidement remarqué qu’il était préférable que je fasse des séjours plutôt courts et que je les laisse retourner à leur vie normale et à leurs habitudes. En ce qui concerne les désagréments, il y avait les nuits étouffantes en août, les nuages de moustiques, les pluies diluviennes parfois… Mais les seules vraies difficultés étaient dans les relations humaines, en particulier à cause la menace d’expulsion qui pesait sur eux. Ce sont des points qui sont abordés dans le film.
Pour conclure sur ce sujet, je dirais que ça a été une expérience parfois très dure mais pourtant très enrichissante et pour moi très positive. Je suis encore en contact régulier avec la plupart de ceux que j’ai filmés et je les revois toujours avec plaisir.
L’extrait du documentaire date d’un an, peux tu nous dire ce qui s’est passé depuis ?
Depuis la mise en ligne du trailer, j’ai terminé les tournages et commencé le montage du film proprement dit. J’ai la chance de travailler avec une équipe passionnée qui apporte beaucoup au film – ce qui me change de la phase de tournage qui était très solitaire.
En parallèle, nous avons continué à chercher des débouchés pour le film et nous avons plusieurs pistes intéressantes.
C’est un projet que nous n’avons pas financé de manière conventionnelle (avec une chaine de télé dès le début), ce qui nous apporte beaucoup de liberté mais en revanche nous impose de travailler avec peu de moyens et parfois des délais un peu longs. Nous espérons néanmoins terminer le film d’ici le début de l’année 2014. Évidemment, je vous tiendrai au courant.
Merci à Sylvain de nous avoir autorisé à publier ses photos pour illustrer l’interview. On reste en contact et on vous tiendra au courant dés qu’une date de diffusion sera fixée.
15 Commentaires
J’arrive vraiment pas à le voir, pourtant il m’a donné tellement envie, mais je trouve aucune date pour le voir ou l’acheter vers où je suis … ;_;
[…] Sources : festivalmillenium.org / primi.pro / issekinicho.fr […]
C’est toujours par ses marges qu’une société se révèle. À méditer, en attendant la sortie du film.
L’extrait est bouleversant de sensibilité, de fragilité humaines, à demain pour le film!
Les visages que tu enfermes dans tes objectifs s’offrent à nous dans ton regard , quelle rencontre. Merci à toi, Sylvain.
Oh je me souviens de son traiter. Ça date ! Contente que le film puisse se concrétiser. J’ai hâte de pouvoir le visionner, car l’a perçu fut un réel plaisir.
Très beau travail, très émouvant, Il y a deux ans j’ai vu quelques SDF dans le grand cimetière au centre de Tokyo, non loin de la tour Mori et j’avais remarqué outre les chats que je venais photographier, la propreté de ces campement de fortune. J’ai hâte de voir ce film qui donne une autre image du Japon et montre via les SDF également le décalage qui existe entre le Japon et la France. Merci de mettre ce beau travail en ligne. Votre blog est toujours plein de belles surprises tantôt drolatiques tantôt mélancolique comme celle ci.
Vivement et bravo
Très belles images avec un sujet traité en délicatesse, avec beaucoup d’amour et une sensibilité réelle. Le japon avec ses gens et rues de la vie de tous les jours… j’aime, merci.
A Osaka j’y ai vu aussi les bâches bleues; tout comme à Hiroshima.
La question est : ou vont-ils aller ? ou sont-ils ?
J’ai vu cette année à Tokyo, la nuit surtout, des hordes de sans abri investir des rues couvertes et dormir à même le sol alors que les températures étaient fraiches; avons nous des chiffres sur ce phénomène au Japon ? merci à Sylvain Garassus de ce beau travail.
Ce n’est vraiment pas un sujet qui est abordé fréquemment quand on parle du Japon. Hâte de voir la suite et contente de savoir que Sylvain Garassus a pu garder le contact avec eux après leur expulsion.
Magnifiques images, très émouvantes… j’attends avec impatience la sortie du film. Effectivement une autre image du Japon … MERCI
Les photos sont magnifiques. C’est vrai que quand on parle du Japon, on ne pense qu’aux cotés technologiques, touristiques ou culinaires. Très peu documentaires parlent sur le coté sombre de la société japonaise. Surtout quand on sait qu’elle est pudique et compliquée.
Merci encore pour cet article et j attend aussi avec l’impatience la suite et le film.
Emouvant! Les photos sont magnifiques. Bonne chance pour la sortie du film. Anne-Catherine
J’attends aussi la suite avec impatience, ainsi que le film ! Comme le dit M.Ouistiti ça change des points de vue habituels.
J’ai hâte !
Quel magnifique projet ! Merci de m’avoir fait découvrir ce reportage et merci à Sylvain pour ce projet et pour nous fournir déjà près de 13 minutes d’images. Extrêmement bien réalisé, je me languis d’en voir plus. Merci encore.
J’attends la suite avec impatience : ça change un peu du Japon-pays-des-bisounours qu’on a tendance à s’imaginer (parce qu’aveuglés par notre passion pour cette culture ?).
Les clichés sont magnifiques et sont touchants.
Vivement !